Carnets d'exil

Vous êtes miens,
Mercedes, Violetta et Atahualpa
et cette rigole n’est rien :
un peu d’eau ne nous sépare pas.
Les peaux tendent un arc-en-ciel
Où les rires humains étincellent
et, d’où vous êtes, j’entends toujours vos voix.

Entre nous…
Entre nous
il s’étend
tant de temps,
tant d’eau brassée par le fleuve Amazone,
tant de sillons rayés sous les vieux gramophones.
Tant d’amours ont fané et de lunes pâli,
mais le demain d’hier, c’est aussi aujourd’hui.
Ay ay ay ay

Entre nous…
Entre nous
se déplorent
tant de morts…
Ne rêvons pas, la faucheuse a tout pris :
vos sourires, vos voix, tout comme votre esprit.
Mais la mort ne sait pas, lorsque s’en vont les corps,
que nos atomes parlent et se frôlent encore.
Ay ay ay ay

Vous êtes miens,
Mercedes, Violetta et Atahualpa,
Le temps s’en va et ce n’est rien :
Son fil se tisse entre nos pas.
Les peaux tendent un arc-en-ciel
Où les rires humains étincellent
et, d’où vous êtes, j’entends toujours vos voix.

Entre nous…
Entre nous
il se pleure
l’équateur...
Quel monde est à l’endroit, quel monde est de travers,
qui de nous ou bien d’eux marche les pieds en l’air ?
Une maille à l’envers, une maille à l’endroit,
mais des deux hémisphères, ils ont gardé le droit.
Ay ay ay ay

Entre nous…
Entre nous
font défaut
tant de mots...
Ils me charment, qu’importe si ce sont
les mots de Don Quichotte ou de François Villon,
les mots de Soundjata ou les mots des Incas :
on comprend la musique, on ne la traduit pas.
Ay ay ay ay

Vous êtes miens,
Mercedes, Violetta et Atahualpa,
la terre tourne, ce n’est rien,
elle suit un pas de milonga.
Les peaux tendent un arc-en-ciel
Où les rires humains étincellent
et, d’où vous êtes, j’entends toujours vos voix,
Mercedes, Violetta et Atahualpa.
Ay ay ay ay

Syracuse, 29/11/2014, Bogotá, 05/10/2016

Paroles : Dominique Sarr
Musique : (à venir...)