Fiestas de noviembre, 14/11/16

Le 11 novembre 1811, Cartagena de Indias, alors plus grande ville du vice-royaume de Nouvelle Grenade, proclamait son indépendance de la Couronne espagnole. C’est aujourd’hui la fête nationale colombienne, et chaque année Cartagena commémore cet événement au cours des fêtes de novembre…

C’est carnaval en novembre. Certes, il ne faut pas y rechercher l’équivalent des carnavals de Rio ou de Recife, ni même, paraît-il, de celui de Barranquilla, métropole de la côte caraïbe et grande rivale économique et culturelle de Cartagena. C’est une fête conviviale mais pour le moins animée, que toute la ville attend chaque année avec impatience. Défilés, podiums musicaux et bals y occupent plusieurs jours.

2 des 32 reines des fêtes de l’indépendance… Cartagena de Indias, novembre 2016

Le mercredi déjà ont défilé les étudiants dans le centre historique. Le vendredi, des heures durant, des groupes de chaque quartier, mais aussi de l’arrière-pays, de Barranquilla, etc. parcourent l’avenue Santander – le front de mer, de Marbella jusqu’aux murailles de la vieille ville devenues tribunes improvisées. Les 32 reines – rien que ça ! représentant chacune un quartier de Cartagena et candidates au titre de reine de l’indépendance – y sont en bonne place sur leur char. En prime, celles-ci effectuent le même jour un défilé aquatique dans la baie… Le samedi soir, c’est le cortège de la diversité sexuelle qui fait le tour de Getsemaní, l’ancien quartier des esclaves, foyer de l’indépendance en 1811, et aujourd’hui quartier branché de Cartagena. Le dimanche, c’est le tour du défilé du Cabildo, du nom des anciennes associations d’afro-caribéens, etc. Quant au lundi 14, il est chômé, parce qu’en Colombie quand un jour férié tombe en semaine, on le déplace au lundi – cette année, la Toussaint était le 7 novembre !…

Orgie de mousse… Cartagena de Indias, novembre 2016

Mais quel que soit le défilé, le spectacle est au moins autant dans la foule des badauds : couverte de mousse, de farine de maïs, de diverses et inquiétantes substances colorées, noyée sous l’eau et bière, buvant pas mal de rhum Medellín, d’Aguardiente Antioqueño* et de bière, elle chante et hurle, acclame les 32 reines du jour où les vedettes, chanteurs, footballeurs, etc. venus testés leur popularité. Elle s’adonne aussi à différentes joies innocentes, la plus spectaculaire étant le lancer de... muchachas !

Malheur aux belles filles qui passent à portée de leurs mains… Cartagena de Indias, novembre 2016

Le temps le plus impressionnant de cette semaine de festivités est sans doute le samedi soir à Getsemani. Les nombreux travestis et les nombreux drapeaux arc-en-ciel ne semblent gêner personne**, une foule en délire se presse pour suivre le cortège trépignant, hurlant, dispensant sur tous sa mousse, peinant de plus en plus à se frayer un passage entre les haies de badauds non moins généreuses de mousse et de cris…

Pas d’âge pour défiler… Cartagena de Indias, novembre 2016

Cette année, pas de mort. Cartagena s’en tire avec quelques centaines de blessés, dont 2 par arme à feu et 8 à l’arme blanche.

* « Eau-de-vie d’Antioquia », eau-de-vie à base d’alcools et d’essence d’anis, bue nature en quantités appréciables mais aussi en cocktails comme le… sexo en la playa !
** Le conseil municipal avait pourtant envisagé cette année d’interdire ce défilé, qui se déroule depuis 10 ans, en même temps que les « danses érotiques » dans l’espace public.

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