Hambre

« Stop à la faim dans le quartier, aide-le ! »
(Version française ci-dessous)
En Latinoamérica, la crisis social es tan grave como la crisis sanitaria, que no es poca cosa. La cuarentena no es un medio para combatir la epidemia, sólo es una herramienta para esperar los medios operativos de combatirla. Aquí, mal concebida y mal manejada, sólo retrasó el contagio, pero privó a una gran parte de la población de cualquier recurso: empleados despedidos o desocupados, prohibición al sector informal de funcionar, indigentes que no tienen a nadie a quien pedir una moneda o un pancito delante de una panadería.

El Estado colombiano se comprometió a garantizar un "ingreso solidario" a 3 millones de familias necesitadas hasta diciembre, pero los 160.000 pesos (40 euros) asignados en promedio cada mes están lejos de poder alimentar a una familia, y no siempre llegan a su destino: el gobierno reconoce que 600.000 de estas familias no los han recibido. En cuanto a las otras, se dice que unos muertos los recibieron...
Algunas comunas también envían mercados a las familias: ¡pan, galletas, arroz, panela, naranjas... para una semana! Así que deben arreglárselas de cualquier forma.
Nuevos Conquistadores es uno de los 38 barrios de la Comuna 13 de Medellín: uno de los barrios más pobres de una de las comunas más pobres de la ciudad - y no hay falta de competencia. El barrio se aferra en las alturas de San Javier, donde llega el metro y de donde las busetas pueden subir a las colinas. 8.000 personas viven allí.
Cuando se decretó la cuarentena el 20 de marzo, como en otros lugares, muchos de sus habitantes se encontraron sin recursos. Al mismo tiempo, otros se encontraron con tiempo libre y un salario escaso del que se podía sacar una parte ya que a sus vecinos no les quedaba nada.
L'heure du repas...
Así es como nació a principios de mayo el comedor popular de los Nuevos Conquistadores. Sabroso, ¿verdad? Al principio eran 4 o 5 mujeres: encontraron una casita para acogerlo, recogieron un dinero para comprar comida, reunieron a unos voluntarios listos para arremangarse y, entre otros medios para recoger solidaridad, crearon una cuenta en Nequi, una página de vaca y pago para quien no tiene ni dinero ni tarjeta. Hoy en día, son como una veintena sirviendo unos 110 almuerzos diarios. En la pasarela que domina a la casa, una pancarta proclama con orgullo "No más hambre en el barrio, ayudas ya".
Le comedor est aussi une ruche où on apprend, où on s'écoute, où on se soutient...
Lili, una agradable treintañera, parece haber tomado el asunto en sus manos. Antes de la crisis, enseñaba ciencias en el colegio cercano de El Corazón. Hoy en día, sirve café con leche, hace cuentas, se encarga de la comunicación, la llama uno u otro para resolver los mil y un pequeños problemas diarios.
En cuisine...
El comedor popular no sólo da comida: da tanto calor humano y apoyo moral como comidas. Y clases para los niños, básicas, de arte, de diseño, de ciencia. Y mentalidad cívica: alejarse de la violencia endémica de la Comuna 13. Y, para todos, la felicidad de la colectividad, de ser amado, de no estar solo frente al flagelo que nos agobia.
¡De todo esto, tenemos tanta hambre!
Flyer du comedor popular Nuevos conquistadores
¿Ayudar el comedor popular ? nequi.com.co > Recarga > Celular=3135934424.

(Version française)
En Amérique latine, la crise sociale est aussi grave que la crise sanitaire, ce qui n’est pas peu dire. Le confinement n’est pas un moyen de lutte contre l’épidémie, ce n’est qu’un outil d’attente de moyens de lutte opérationnels. Ici, mal conçu et mal géré, il n’a fait que retarder la contagion, mais a privé de toute ressource une grande partie de la population : salariés congédiés ou priés de chômer, secteur informel interdit d’activité, indigents n’ayant plus personne à qui demander une pièce ou un pain devant une boulangerie.
L’État colombien a bien promis de garantir un « revenu solidaire » à 3 millions de familles nécessiteuses jusqu’en décembre, mais les 160 000 pesos mensuels (40 euros) alloués en moyenne sont bien loin de pouvoir nourrir une famille, et ils n’arrivent pas toujours à destination : le gouvernement reconnaît que 600 000 de ces familles ne les ont pas reçus. On dit en revanche que, parmi les autres, des morts les ont touchés… Certaines communes font aussi parvenir des paniers aux familles : les pains, biscuits et oranges d’une semaine ! Il faut donc se débrouiller, par tous les moyens.
Nuevos Conquistadores est un des 38 quartiers de la Comuna 13 (nous dirions : 13e arrondissement) de Medellín : un des quartiers les plus pauvres d’une des comunas les plus pauvres de la ville — et la concurrence ne manque pas. Le quartier s’accroche sur les hauteurs de San Javier, où arrive le métro et d’où des busetas peuvent grimper sur les collines. 8 000 personnes y vivent.
Lorsque le confinement a été décrété le 20 mars, comme ailleurs, beaucoup de ses habitants se sont retrouvés sans ressource. Au même moment, d’autres se retrouvaient avec du temps libre et un pactole disponible : un maigre salaire dont on pouvait bien prélever une part puisque ses voisins, eux, n’avaient plus rien.
C’est ainsi que s’est monté en début mai le comedor popular de Nuevos Conquistadores : le « restaurant populaire des nouveaux conquérants ». Savoureux, non ? Elles étaient 4 ou 5 femmes au départ : elles ont trouvé une maisonnette pour l’installer, réuni quelques sous pour acheter la nourriture, rassemblé les bénévoles prêts à retrousser les manches et, entre autres moyens pour recueillir des aides, créé un compte sur Nequi, le site de cagnotte et de paiement de ceux qui n'ont ni argent, ni carte. Aujourd´hui, ils sont une vingtaine à servir quelques 110 déjeuners quotidiens. Sur la passerelle qui surplombe la maison, une banderole clame fièrement : « No más hambre en el barrio, ayudas ya » : « Stop à la faim dans le quartier, aide-le ! »
Lili, trentenaire avenante, semble avoir pris les choses en main. Avant la crise, elle enseignait les sciences dans le collège voisin d’El Corazón. Aujourd’hui, elle sert les cafés au lait, fait les comptes, assure la communication, est hélée par l’un ou l’autre pour régler les mille et un petits problèmes quotidiens.
Le comedor popular ne se contente pas de donner à manger : il donne autant de chaleur humaine et de soutien moral que de repas. Et des cours aux enfants : matières de base, art, sciences… Et du civisme : s’éloigner de la violence endémique de la Comuna 13. Et, pour tous, le bonheur du collectif, d’être aimé, de ne pas être seul face au fléau qui nous accable.
De tout cela, nous avons tellement faim !

Vous n’avez pas accès à PSE pour aider le comedor popular ? Voici un regroupement d'ONG qui se battent sur les innombrables quartiers face aux mêmes urgences :
- Alliance urgences (collectif de 6 ONG)

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