La Habana

Au bout du bout du Malecón, il regardait les grues, les hangars et les cuves, de l'autre côté de la baie. Qu'était-il, sinon l'histoire des regards et des sourires qu'on lui avait un jour adressés ? Qu'était-il, sinon l'histoire de ses blessures ?
Des fêtards le frôlèrent ; ils allèrent s’asseoir sur la terrasse voisine. Ils commandèrent des daiquiris et des mojitos. Ils riaient. D’autres rires les croisèrent, depuis une Oldsmobile décapotable qui longeait la côte en silence. Lui n’entendait que son rire, à elle, si gaie, à l’autre bout de la vieille ville.
Un ronronnement, au dessus du fort, l’éveilla et lui fit lever les yeux vers le ciel : un galion ailé volait dans la nuit, il déverserait là-bas son lot de colons, d'une semaine ou d'un mois.
Il savait qu'un jour, il la perdrait. L'un d'eux l'emmènerait, elle s’envolerait, triste cavalière d'un cavalier aux cheveux blancs. Le pouls de l'océan battait à ses pieds. Il en inspirait l’embrun. Il regardait les grues, les hangars et les cuves…

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