Mythe et histoire

La mémoire ne reproduit pas le passé, elle le reconstruit, avec sa part de raison et sa part d’imaginaire.
Chacun à leur manière, mythes et histoire forgent une identité de notre passé. Ainsi le récit de l’origine des Yorubas existe-t-il sous deux formes différentes, dans leur mythologie (création du monde par les orishas) et dans leur histoire (naissance de l’ethnie). Ainsi la tradition sérère porte-t-elle à la fois une dimension historique et politique (fondation des royaumes sérères) et les peurs ancestrales de l’Afrique (forces de la terre, puissance de la parole, mystère du ventre de la femme...).
Le chercheur, qu’il soit historien ou ethnologue, se doit d’aborder ces récits avec la plus grande humilité et le plus grand respect. Dans cette rencontre, il doit à la fois s’imaginer comme l’autre qu’il étudie et se penser lui-même comme produit de mythes et d’une histoire. Oralité versus écriture, lecture du temps, critères de vérité, etc. : tout les oppose pourtant…
Loin de la position transcendantale d’une science positiviste, ce paradoxe postmoderne est une condition de l’intercompréhension des cultures.
Raison et imaginaire : Mythe et histoire, in Éthiopiques, revue de la Fondation Léopold Sédar Senghor, n° 96, septembre 2016. Accessible en librairie ou en ligne sur le site d'Éthiopiques .

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