Sahel, 03/01/17
Par Dominique Sarr le 04/01/2017, 23:28 - Chronique - Lien permanent
La frontière, c’est ça :
Pas compliqué, non ? Ça ne l’empêche pas de prendre 1 h 30’. Mais au moins on ne fait qu’une fois la queue.
Pour tout le reste, passer de l’Équateur au Pérou, c’est un sacré choc. À tous points de vue…
Cuenca est à 2 500 m d’altitude, pas très loin des 2 850 m quiteños. Il y fait bon la journée, froid la nuit. C’est une ville aussi bourgeoise que Quito est populaire. Quelqu’un a décrété que c’était une ville idéale, et nombre de retraités, équatoriens comme étrangers, y vivent. Quito comme Cuenca font penser aux villes européennes : des villes qui vivent dans leur histoire…
Piura est à 30 m de bassitude. Il y fait chaud, très chaud paraît-il, même la nuit. Personnellement j’ai eu de la chance. C’est une ville de ½ million d’habitants bâtie (c’est beaucoup dire) au milieu d’une steppe, voire d’un désert : Piura, c’est Kaolack. En quelques minutes, pour être passé d’un guichet à un autre, on se retrouve dans le sahel !
Depuis mes pérégrinations américaines, je n’ai eu qu’une fois cette impression de désolation : en Haïti.
Je ne m’attendais pas au désert. Je pensais que ce serait plus au sud, dans l’Atacama. Mais du nord au sud de Piura, les paysages passent de ceux du Sahel à ceux du Sahara : le désert de Sechura. La panaméricaine retrouve des airs de Nouveau-Mexique…
Je ne m’attendais pas à ce que passer d’un guichet à un autre me fasse passer de l’Europe au Tiers-monde. Piura et Kaolack devraient être jumelées. Tout, ou presque, se ressemble. Les mêmes trottoirs défoncés, fait d’un sable qui s’envole au premier coup de vent, le même ciel trouble de ses poussières, les mêmes sacs plastiques et les mêmes ordures décorant les rues et les routes, le même délabrement de bâtiments publics, les mêmes maisons surmontées de tiges métalliques destinées à un étage supplémentaire, pour quand on aura la plata, la même odeur en frôlant leur grand marché, odeur de poisson (soyons gentil) ou de pourriture (soyons méchant), le même gigantisme de ce marché…
Certes, ici, les motos-taxis sont couvertes et transportent 3 passagers ; certes, ici, commencent a pousser des centres commerciaux d’un modernisme uniforme ; certes, ici, les églises évangélistes remplacent les mosquées…