Aveuglements

De nouveau, le monde a basculé dans l’horreur…

Horreur, évidemment, l’attaque du Hamas contre les civils israéliens, dont l’objectif n’avait rien de militaire, mais était de massacrer aveuglément le plus de personnes possible, ou de les prendre en otage, tuant au passage plus de « combattants » palestiniens que de victimes israéliennes, immigrées ou de passage. De plus, cette attaque allait évidemment entraîner de terribles représailles dont souffriraient d’abord les civils palestiniens. Elle est à ces deux égards monstrueuse. Et ceux qui défendent les droits du peuple palestinien doivent être les premiers à l’affirmer.
Horreur encore, les bombardements israéliens aveugles sur Gaza et son blocus inhumain, qui ont déjà causé largement plus de victimes civiles que l’attaque du Hamas. Au terrorisme sanglant du Hamas répond le terrorisme d’État d’Israël, de même nature puisqu’il frappe aveuglément la population de Gaza, dont les civils sont en masse les victimes.
Devant cette double horreur, les compassions unilatérales se dissolvent dans leur inhumanité.
Ne soyons pas abusés parce que tous les occupants nomment « terroristes » ceux qui s’opposent à eux et que tous ceux-ci s'intitulent « résistants ». Les mots ont un sens : les résistants s’en prennent aux forces de l’adversaire et à leurs collabos ; les terroristes frappent aveuglément pour terroriser les populations ou les faire fuir. Dans le cas présent, chacun des belligérants se vaut à cet aune.
Les fanatiques fondamentalistes qui dirigent Israël et les fanatiques fondamentalistes qui dirigent Gaza sont entièrement responsables non seulement des massacres infligés à ceux d'en face, mais aussi entièrement responsables des massacres subis par leur propre peuple. Tous l’ont bien cherché, certains consciemment, mais ce sont des innocents qui payent au prix le plus fort leur folie.
Oui, le pouvoir d’Israël a le droit, mieux, le devoir, de défendre les siens. Non, il n’a aucun droit à faire subir aux Palestiniens pire que ce que ses citoyens subissent, perdant ainsi tout crédit moral et politique.
Depuis des dizaines d’années, les gouvernements d’Israël, et cela va de mal en pis, n’ont de cesse de spolier et violer les droits des Palestiniens, qu’ils vivent en Israël, en Cisjordanie ou à Gaza, et de violer les résolutions internationales qui les défendent, hélas de façon purement formelle. Dans cette situation, que les Palestiniens abdiquent, qu’ils tentent de composer ou qu’ils se rebellent, ils sont à tous les coups perdants. Leur désespoir, délibérément recherché par les colons, leurs soutiens et ceux qui les laissent faire, pour parvenir au nettoyage ethnique d’Israël et de la Palestine, est la fabrique du terrorisme. Cela ne saurait le justifier en rien, mais les bourreaux du peuple palestinien et les assassins des Israéliens ont, les uns et les autres, autant de ce sang sur les mains.
Tout aussi profondément choquants sont les applaudissements qui ont suivi, dans certains pays arabes ou musulmans, les massacres d’Israéliens, que les réactions dominantes en Occident, à juste titre scandalisées par cette action terroriste, mais passant par pertes et profits tant la politique constante des nationalistes israéliens qui y a conduit, que le nettoyage ethnique de Gaza par les bombes, par le blocus intégral et par l’exil forcé des Gazaouis. Qui peut croire que le rappel poli du droit international, sans l’ombre d’une sanction, sera d’un quelconque effet sur les suprémacistes et les fondamentalistes au pouvoir en Israël, d’ailleurs armés dans le même temps sans condition par les États-Unis ? Un enfant de Gaza, faut-il croire, vaut moins que l’enfant d’un kibboutz.
La « solution à deux États » est naturellement obsolète, un État palestinien n’étant plus viable depuis longtemps du fait de l’annexion rampante de la Cisjordanie, et encore moins avec l’anéantissement en cours de Gaza. Aujourd’hui, face à la haine réciproque, aucune solution n’est possible : les nettoyages ethniques, celui auquel se livre Israël, accéléré depuis le 7 octobre, celui dont rêvent le Hamas, le Hezbollah et l’Iran, sont les dernières acceptables.
Hors diasporas, sept millions et demi de Palestiniens, sept millions de Juifs israéliens : demain, lorsqu’enfin les uns et les autres seront lassés de cette guerre de cent ans ou de deux cents ans, lavée des flots de leurs sangs mêlés, la seule solution imaginable est un État binational et laïc, l’Isralestine, offrant une citoyenneté égale à tous ses ressortissants, et puisant sa prospérité dans les futurs États-Unis d’Orient.
Encore faut-il pour cela que cette terre ne soit pas peuplée que de tombes.

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