L’autre Cuba, 14/07/16

Quel est le vrai Cuba ? Celui des Taïnos momifié dans les musées ? Le Cuba colonial somptueux et magnifiquement restauré de quelques pâtés de maisons de la Habana Vieja ? Le reste de la Habana Vieja, prolétaire et à demi en ruines ? Celui du sang africain qui l’irrigue partout ? Insoluble ! Ce dont je voudrais parler, c'est seulement d’un autre Cuba, ni plus vrai ni moins vrai : comment est Cuba quand il n’est pas sous le regard des touristes ?

Pinar del Río est la grande ville de l’occident cubain. Rien à signaler, si ce n’est ce surnom de ville des chapiteaux : généralement corinthiens, ils ornent les colonnes des innombrables arcades préservant les passants d’un soleil de plomb.

Chapiteaux corinthiens et cathédrale, Pinar del Río, juillet 2016

Ici, presque tous les prix sont affichés et payés en pesos, donc « normaux » ce qui ne veut bien sûr rien dire. D’ailleurs, si vous voulez payer en dolares, on essaiera peut-être de multiplier la note par 3 ou 4…
Peu de restaurants pour touristes, mais on peut trouver des paladars qui se la jouent. Ici, pas de musiciens cubains répétant sans cesse Besame mucho : le reggaeton règne. Pour la musique, passe encore, mais les vidéos ! Je ne suis pourtant pas quaker, mais j’ai pris une attaque devant le sexisme et le machisme étalés à longueur de clips.

En route pour le soleil couchant et le carnaval, Pinar del Río, juillet 2016

La musique, c’est aussi une maison de la culture. Soirée mémorable : en guise de culture cubaine, danse résumée à une pâle imitation de défilé de mode et chansons évoquant surtout une sous-merde romantico-macho-iglésienne. Il y a bien une tradition musicale locale, le punto guajiro (« point paysan »), je ne l’ai malheureusement pas rencontré.

La ville est paisible, on se demande où peuvent être ses 200 000 habitants. En tout cas pas sur la José Martí, son unique artère commerçante. Mais c’est une loi de la nature : à population égale, une ville latino paraît 10 fois plus petite que son homologue européenne. Peut-être parce qu’une maison sur 2 abrite un commerce minimal : le centre est partout et nulle part.

Le clou de la soirée : le gâteau du 90e anniversaire de Fidel ; bougies et danseuses légères… Pinar del Río, juillet 2016

Pas très exaltant ? Heureusement, il y a le carnaval, cette année du 14 au 17 juillet (sic). Avec son exubérance, sa joie de vivre, sa permissivité, son culte de la femme que même un quaker aurait du mal à trouver sexiste… Je m’y fais draguer 2 fois en une heure, avec un rentre-dedans pas possible…
Mais cette fois, ça y est : je les ai vus, les 200 000 pinarenos : ils sont bien là, tous heureux, riant, dansant, chantant sur la José Martí…

« La joie venait toujours après la peine »… Pinar del Río, juillet 2016

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