Oui, réinventons-nous !

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Peu à peu se fera l’analyse, le bilan ou le procès de la pandémie de Covid19. Des pandémies, il y en aura toujours eu et il y en aura toujours. Ce qui est surprenant, c’est que cela nous surprenne.
Celle-ci ne doit pas nous faire réfléchir qu’à sa gestion. Elle doit aussi nous faire penser. À l’espace humain dans l’histoire du monde.

Il ne doit pas nous échapper que c’est une épidémie de riches — j’entends de régions riches : Wuhan, Milan, Madrid, New York, São Paulo… Nous étions terrorisés à l’idée de ce qui se passerait quand des régions aux économies chaotiques et aux systèmes de soins irréels seraient touchées. Et pour l’instant, à notre grande surprise, ce n’est pas elles que la pandémie ravage — puisse cela durer ! —, mais les fers de lance du progrès universel*.
Avant de faire l’économie de la pensée en criant haro sur un bouc émissaire tout trouvé : la mondialisation, posons une seconde les bagages idéologiques et demandons-nous s’il ne faut pas creuser davantage. Laissons de côté l’effet dévastateur des délires évangélistes, islamistes ou haredim : les zones les plus touchées, les plus motrices de la pandémie sont les grandes concentrations humaines modernes, les plus riches, les mieux équipées en systèmes de santé, celles où on voyage le plus et où on a une vie sociale trépidante.

C’est notre modèle de développement et notre modèle de pensée qui sont questionnés ainsi. À vrai dire, nous sommes schizophrènes. Ouvrons n’importe quel grand quotidien : à la page économique, nous soupesons avec anxiété « la croissance » ; à la page budgétaire, nous nous effrayons de « la dette publique » ; à la page sociale, nos yeux se rivent sur les chiffres de « l’emploi » ; à la page de l’environnement, nous nous lamentons sur « le changement climatique ». Sommes-nous incapables de voir que dans la croissance seul importe ce qui croît, que certaines dettes, ce peut-être des emplois, mais que certains emplois, ce peut-être des gaz à effets de serre ? Comme dans la parabole du cheval et du paysan chinois, apprenons à voir que toute félicité apparente peut cacher une catastrophe sous-jacente, et inversement.
Cette pensée schématique est mortifère. Que veut dire un PIB ? Comment peut-on imaginer agréger dans un même indicateur les voitures de luxe qu’entassent quelques footballeurs, chefs religieux ou grands patrons, et les bouteilles de lait que les habitants des bidonvilles se lamentent de ne pouvoir acheter ? Il est urgent de prohiber le PIB et de penser Bonheur National Brut ou Indice de Développement Vital — pourquoi seulement Humain ? La dette publique ? Mais quel ménage, quel patron ne sait pas que s’endetter est sain si cela rapporte plus que cela coûte ? Lequel ne sait pas que c’est un désastre si c’est pour vivre à crédit ?

Il faut donc abandonner des indicateurs globaux, mais sectoriels, au profit d’une pensée unificatrice, mais appliquée par des dentelliers.
Pensée unificatrice : cessons d’adorer le veau d’or et entendons-nous sur les objectifs essentiels qui valent l’effort : la satisfaction des besoins fondamentaux de tous, la protection d’une planète vivable pour ceux qui la peuplent, la marche à l’égalité des sexes, le mix d’épanouissement personnel et de solidarité qui fonde la vie sociale…
C’est au regard de ces juges de paix que nous pouvons évaluer et mettre en œuvre les moyens de nous adapter à la tectonique complexe d’un monde dont les plaques se meuvent et se heurtent sans cesse. Quelles dettes accepter et lesquelles rejeter ? Quels emplois promouvoir et lesquels sacrifier ? Quelles dépenses de santé sanctuariser et lesquelles oublier ? Quelle idée de la ville inventer et quels empilements invivables ou quelles extensions indéfinies arrêter ? Une pensée unificatrice, mais des méthodes microchirurgicales…

Pour cela, la première chose à faire est d’oublier les rancœurs et les boucs émissaires. Non, nos malheurs, ce n’est pas la faute aux immigrés, la faute à la mondialisation, la faute à Macron, que sais-je encore : cessons de confondre l’écorce et l’aubier. Chaque fois que nous nous laissons aller à la haine contre un supposé responsable de tous nos maux, nous inhibons en nous la pensée. Pensons, donc, imaginons ces objectifs essentiels et construisons les moyens pour nous en approcher dans un débat sain. Oublions un peu les grands mots et concrétisons des rêves sur lesquels les consensus nous étonneront. La Convention citoyenne pour le climat montre que c’est possible, tant sur la méthode que sur les résultats.
Les solutions simplistes ne sont pas de mise. À monde complexe, pensée complexe. Non, nous n’allons ni enterrer les compagnies aériennes, ni stopper les usines produisant des véhicules absurdes, ni vivre en autarcie en nous déconfinant ! Mais il est possible de mettre l’accent dès aujourd’hui sur ce qui sert l’humain et le milieu dont il est responsable, tout en initiant les projets ambitieux de demain. Si nous acceptons d’oublier les anathèmes stériles au profit de débats bienveillants, humbles et raisonnés, oui, nous pouvons nous réinventer. En sommes-nous capables ?

* Pour ce qu’on peut savoir. Le poids de l’épidémie souterraine n’est pas plus uniforme que celui de l’économie souterraine.

¡Reinventémonos!

Poco a poco, se realizará el análisis, la evaluación o el juicio de la pandemia de Covid19. Siempre hubo pandemias y siempre habrá. Lo sorprendente es que nos sorprende.
Esto no debería hacernos pensar solo en su gestión. También debe hacernos reflexionar: al espacio humano en la historia del mundo.
No se nos debe escapar que es una epidemia de ricos, quiero decir, de regiones ricas: Wuhan, Milán, Madrid, Nueva York, São Paulo ... Estábamos aterrorizados ante la idea de lo que sucedería cuando las regiones de economías caóticas y de sistemas de salud irreales se verían afectados. Y por ahora, para nuestra sorpresa, no es a ellas que la pandemia está devastando, - ¡que continúe! -, pero las puntas de lanza del progreso universal*.
Antes de ahorrarnos un esfuerzo de pensamiento, poniendo el grito en el cielo ante de un chivo expiatorio ya preparado: la globalización, pongamos el equipaje ideológico por un segundo y preguntémonos si no debemos profundizar más. Dejemos de lado el efecto devastador de los delirios evangélicos, islamistas o haredim: las áreas más afectadas, las fuerzas impulsoras de la pandemia son las grandes concentraciones humanas modernas, las más ricas, las mejor equipadas en sistemas de salud, aquellas donde se viaja el más. y donde la vida social es el más agitada.

Es nuestro modelo de desarrollo y nuestro modelo de pensamiento que se cuestionan de esta manera. De hecho, somos esquizofrénicos. Abramos cualquier periódico importante: en la página económica, sopesamos ansiosamente el "crecimiento"; en la página del presupuesto, nos aterrorizamos de la "deuda pública"; en la página social, nuestros ojos están pegados en las cifras del "empleo"; en la página de medio ambiente lamentamos "el cambio climático". ¿Somos incapaces de ver que en el crecimiento sólo importa lo que crece, que ciertas deudas pueden ser empleos, pero que ciertos empleos pueden ser gases de efecto invernadero? Como en la parábola del caballo y el campesino chino, aprendemos a ver que cualquier felicidad aparente puede ocultar una catástrofe subyacente, y viceversa.
Este pensamiento esquemático es mortal. ¿Qué significa el PIB? ¿Cómo podemos imaginar agregar en el mismo indicador los autos de lujo amontonados por algunos futbolistas, jefes religiosos o grandes patrones, y las botellas de leche que los habitantes de las invasiones lloran por no poder comprar? Es urgente prohibir el PIB y pensar en la Felicidad nacional bruta o el Índice de desarrollo vital - ¿por qué sólo humano? ¿Deuda pública? Pero, ¿qué hogar, qué jefe no sabe que endeudarse es saludable si aporta más de lo que cuesta? ¿Quién no sabe que es un desastre si se trata de vivir a crédito?

Por lo tanto, es necesario abandonar los indicadores globales, pero sectoriales, a favor de un pensamiento unificador, pero aplicado por encajeras.
Pensamiento unificador: dejemos de adorar al becerro de oro y acordemos los objetivos esenciales que valen la pena: satisfacción de las necesidades básicas de todos, protección de un planeta habitable para quienes lo habitan, camino hacia igualdad de género, mezcla de realización personal y solidaridad en la que se basa la vida social...
A los ojos de estos jueces de paz podemos evaluar e implementar los medios para adaptarnos a la compleja tectónica de un mundo cuyas placas constantemente se mueven y chocan. ¿Qué deudas aceptar y cuáles rechazar? ¿Qué trabajos promover y cuáles sacrificar? ¿Qué gastos de salud sacralizar y cuáles olvidar? ¿Qué idea de la ciudad inventar y qué apilamientos imposibles de vivir o qué extensiones indefinidas detener? Un pensamiento unificador, pero métodos microquirúrgicos...

Por esto, lo primero que hacer es olvidar el rencor y los chivos expiatorios. No, nuestras desgracias no son la culpa de los inmigrantes, de la globalización o lo que sea: dejemos de confundir la corteza y la albura. Cada vez que nos dejáramos llevar por el odio contra un presunto responsable de todos nuestros males, inhibimos en nosotros el pensamiento. Por lo tanto, pensemos, imaginemos estos objetivos esenciales y construyamos los medios para abordarlos en un debate saludable. Olvidemos un poco las grandes palabras y hagamos realidad los sueños en los que el consenso nos sorprenderá. La Convención ciudadana sobre el clima, en Francia, muestra que es posible, tanto en términos de método como de resultado.
Las soluciones simplistas no son adecuadas. A mundo complejo, pensamiento complejo. ¡No, no vamos a enterrar a las aerolíneas, ni a detener las fábricas que producen vehículos absurdos, ni a vivir en la autarquía al salir de la cuarentena! Pero es posible hoy mismo hacer hincapié en lo que sirve al ser humano y al medio ambiente del que es responsable, mientras se inician los ambiciosos proyectos del mañana. Si aceptamos olvidar los anatemas estériles en favor de debates benevolentes, humildes y razonados, sí, podemos reinventarnos. ¿De ello, somos capaces?

* Por lo que se sabe. El peso de la epidemia sumergida no es más homogéneo que de la economía sumergida.

Medellín, 30/04/2020

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