Rio Madeira, 09/04/16
Par Dominique Sarr le 09/04/2016, 21:59 - Chronique - Lien permanent
Je pensais initialement rejoindre Porto Velho en car, mais j’ai appris à Belém que la BR-319, la route fantôme, était impraticable durant l’hivernage. Ravi de cette demi-surprise, j’ai donc rempilé pour une nouvelle liaison par bateau : cette fois, 3 jours ½ sur le Rio Madeira, affluent de l’Amazone et 3e cours d’eau du monde par le débit (précédé par les seuls Amazone et Congo) (*).
Je cumule donc 1 600 miles (ou 3 000 kilomètres) de navigation en Amazonie. Ma conclusion : suivre le Rio Madeira serait à naviguer sur l’Amazone ce qu’emprunter un chemin vicinal est à s’endormir sur une autoroute… si les chemins vicinaux étaient larges d’un bon kilomètre et les autoroutes de 5. Contrairement à l’Amazone, de larges portions de la « Rivière du bois » sont en effet bordées par la grande forêt, sinon vierge, du moins correspondant encore aux caractères primitifs de la forêt amazonienne de terre ferme, et notamment ses 4 voir 7 strates (canopée, arbres moyens, arbrisseaux, herbacées, tapis végétal, plus mycélium et grimpantes/lianes). C’est, pour tout dire, assez enchanteur, et ce paysage forestier toujours renouvelé et en apparence inhabité n’est jamais monotone.
La forêt n’est, sur les rives, à part autour des quelques villes, entrecoupée que par des habitations individuelles pratiquant un peu de culture (dont du maraîchage hors sol pour leur consommation), avec quelques bovins, ou porcins, ou ovins. Nous sommes loin des immenses ranchs de l’Amazone ou de ses usines. Entre Manicoré et Porto Velho, l’occupation devient surtout celle des balsas de garimpo, les barges d’orpaillage qui remontent du fond l’or déposé avec les alluvions de la Cordillère des Andes.
Le Madeira est en effet comme l’Amazone un « fleuve blanc », en réalité ocre, chargé d’alluvions, par opposition aux « fleuves noirs » qui, comme le Rio Negro, n’en drainent pas. C’est d'ailleurs ce qui fait la fertilité des terres que les fleuves blancs inondent régulièrement…
J’oubliais : sur le Stênio Araújo, la cuisine de Rosi est toujours bonne et parfois excellente !
(*) « Seulement » le 14e pour la longueur, bien loin devant la Volga et le Danube !