Barcelona romana, 04/06/16

Barcelone est devenue une ville extraordinairement cosmopolite. Si tout y est maintenant écrit en catalan, il n'est pas dit que le catalan compte parmi les 10 langues les plus parlées dans ses rues. Délaissant tant Les Rambles*, celles des touristes aux portefeuilles souvent bien garnis, que La Rambla del Raval**, celle des immigrés, superbe mais surtout riche de tristesse, j’ai découvert une Barcelone dont je n’avais aucun souvenir, la Barcelone des envahisseurs d’un autre temps : romains et gallo-romains. L’histoire humaine, c’est avant tout l’histoire des migrations humaines…

Fondée sous Auguste, Barcino (construite au pied de la Barkeno ibère de Montjuïc) n’était alors qu’un port fortifié d’un millier d’habitants au nord-est de l’imposante Tarraco (Tarragone), dont les remparts deux fois millénaires m’avaient gratifié d’un choc colossal il y a près de 50 ans. Les vestiges de cette époque sont remarquables et, de plus, complètement emprisonnés et en partie réexploités par la ville médiévale puis moderne.

Barcino, plaça de Ramon Berenguer el Gran, muraille romaine, chapelle médiévale Santa Àgata, juin 2016

À l’intérieur du Barri Gòtic, les murailles du IIIe siècle sont conservées en plusieurs endroits au nord, à l’est et au sud. Les éléments les plus impressionnants sont ceux de la carrer Sots-tinent Navarro, de la plaça de Ramon Berenguer el Gran et de l’Avinguda de la Catedral, pour leur état de conservation, mais aussi parce qu’ils ont été surmontés au moyen-âge d’édifices divers, comme le palais de la comtesse de Palamós ou chapelle de Santa Àgata.
Les quelques colonnes subsistantes et imposantes du temple d’Auguste, dégagées en 1954, il faut les chercher dans le dédale de la carrer del Paradis. Hors la ville romaine, sur la plaça de la Vila de Madrid, se trouve encore l’émouvante Vía sepulcral romana.

Barcino, plaça de la Vila de Madrid, Vía sepulcral romana, juin 2016

Les musées de la ville accordent bien sûr une place non négligeable à sa devancière romaine. La très belle muséographie du Musée d'histoire de la Catalogne ne voile pas sa relative pauvreté en matériel d’époque, son bavardage et sa glorification de la région, qui n’en a nul besoin.

Barcino, plaça del Rei, une Atlantide urbaine, juin 2016

Bien plus digne d’intérêt est le Musée d'histoire de Barcelone : sous ce nom se cache en réalité une incroyable Pompéi enfouie 5 mètres sous la plaça del Rei, le palais des comtes de Catalogne et la Cathédrale. Dans cette Atlantide urbaine s’admirent notamment des entreprises des IIIe et IVe siècles : salaison de poisson et fabrique de garum (le nuoc-mâm romain…), chaix et leur bodega…

Barcino, plaça del Rei, cuves de fermentation du garum, juin 2016

Plus moderne ? Entre 2 tapas, une très belle exposition de chattes et de seins au musée Picasso – j’ai bien senti que certains visiteurs en avalaient leur dentier…

(*) Le premier sens du catalan rambla (de l’arabe رملة (ramla) : sablière) est un « curs d'aigua intermitent que depèn estretament del règim pluvial ». D’où sans doute le nom de plusieurs avenues descendant vers la mer… Par opposition, les rondas sont les anciens chemins de ronde. Mais Les Rambles suivent aussi le tracé d’un rempart médiéval…
(**) La Rambla del Raval : la Rambla du faubourg.

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