Espace urbain, 11/03/16

Étape technique à Fortaleza : je sais qu’il y a peu à voir dans cette métropole de 3,3 millions d’habitants, si ce n’est See, Sand and Sun… Le second jour, j’opte pour une promenade jusqu’au Phare du Mucuripe et à son musée.
Les sept kilomètres qui séparent la Cathédrale (ou le Marché central) du Farol do Mucuripe sont un petit condensé de la gestion de l’espace urbain au Brésil...

Le centre commerçant. De nombreuses boutiques, parfois regroupées en galeries commerciales, occupent des immeubles bas (souvent 1 à 2 niveaux, parfois 3 ou 4), datant rarement de plus d’un siècle. Après la fermeture, à 18 h, les rues commerçantes forment un désert sinistre en attente perpétuelle de nettoyage.
Le péricentre. Sur quelques centaines de mètres s’étendent des déconstructions d’habitat populaire, d’ateliers, de commerces de matériaux. Ici, il est animé par la belle réalisation du Centre culturel du Dragon de la mer (c’est le nom de la rue…), qui s’égrène autour d’une longue passerelle saignée le soir de lumière rouge, et sur la place duquel des maisons bien restaurées s’animent dans un agréable lieu de vie nocturne.
Commence ensuite un front de mer de plusieurs kilomètres, le long de l’avenue du Beira Mar (bord de mer), fortification de plus en plus dense de tours Fortaleza, Beira Mar, 09/03/16
souvent luxueuses abritant hôtels grands et moins grands, logements de la gentry, commerces de classes diverses. À Rio (pour la Zone Sud), à Recife (pour Boa Viagem), à Fortaleza (pour le Beira Mar), etc., les élites ont, parfois dès le milieu du XXe siècle, parfois sur sa fin, abandonné aux classes populaires des centres historiques en déliquescence pour s’entasser verticalement dans ces nouveaux quartiers… Un peu moins laid que Boa Viagem, le front de mer est taillé en plusieurs zones étrangement séparées :
 La plage d’Iracema, relativement délaissée, pour le bonheur des surfeurs. À l’arrière, la rue Monsenhor Tabosa, une des rares avenues agréables et bien aménagées de la ville, temple de la mode féminine et balnéaire ;
 Les premières centaines de mètres du Beira Mar, occupées par d’innombrables barracas ombragées, bars et restaurants de plage, royaume de la bière et de la crevette, coupées en deux par la feirinha, marché nocturne, quadrillage dense de dizaines de cantines de souvenirs ;
Fortaleza, Marché aux poissons, Beira Mar, 11/03/16
 La cinquantaine d’étals du marché aux poissons et leurs montagnes de crevettes, de langoustes et de poissons alimentant barracas, grands hôtels et tours voisines ;
 Une favela marine sur un recoin de plage : des bateaux de pêche vétustes et couverts de bâches défoncées y abritent une population marginalisée ;
 Le front de mer s’arrête là, face au petit port de pêche et de plaisance du Mucuripe. Sur la hauteur, le Château enchanté, une des 509 favelas de Fortaleza.
Le port industriel commence alors, ses docks, ses grues, ses hangars. Le bâtiment des Grands Moulins du Ceará n’est pas loin d’être un des plus beaux de la ville… C’est dire.
Fortaleza, Grands moulins du Ceará, port, Mucuripe, 11/03/16
Enfin au terme de ces 7 kilomètres, se dresse le phare du Mucuripe vanté par Wikipédia : symbole de Fortaleza, un des monuments les plus anciens de la ville (1 846), classé au Patrimoine historique, abritant depuis 1982 les belles collections du Musée de Fortaleza. Mais, une fois sur place… le musée a disparu et le phare s’avère en ruines !
Fortaleza, Farol do Mucuripe, 11/03/16
Comme dans beaucoup d’autres villes du Brésil, à tour de bras, on construit, on abandonne, on détruit, et on reconstruit pour détruire 30 ans plus tard au gré des convulsions de la société, on inaugure en grande pompe ce qui tombera en ruine dans 30 ans. Mais on reconstruira et on réinaugurera… À Fortaleza, que reste-t-il des 2 siècles de la ville coloniale ? Rien.
Je rentre en bus et je passe ma rage à corriger les articles de Wikipédia sur le Farol do Mucuripe et Fortaleza…

Commentaires

1. Le 29/03/2016, 22:47 par JLO

Toujours aussi casse-couilles : "vanté" c'est le phare, pas "vantés", les 7 kilomètres. Tu sais bien, qu'il ne fallait pas me laisser entrer au bas, même vénitien...

A+
Jérôme

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