Retour à Rio, 05/05/16

Avant d’y atterrir voici 3 mois et bientôt d’en décoller, je n’étais pas revenu à Rio depuis ma première découverte du Brésil, il y a 34 ans.
Laura, informée de mon projet, m’avait alors envoyé à Ipanema dans sa famille, revue aujourd’hui avec beaucoup d’émotion...

Combien de grands souvenirs avais-je laissé dans cette ville ! Un magnifique festival du film brésilien, le concert vibrant de sensualité d’Elba Ramalho à Botafogo, le choc de la projection de L'Aliéniste de Nelson Pereira dos Santos, le mémorable derby carioca Flamengo-Fluminense au Maracanã, par hasard la terrasse de café ou Vinicius de Moraes avait écrit la Garota d’Ipanema, cette gafieira (*) du centre de Rio ô combien chargée de nostalgie, la place de Cinelândia ou Ingrid Bergman et Cary Grant avaient tourné pour Hitchcock une scène des Enchaînés, et d’innombrables et magiques bribes arrachées au mythe de Rio.

Après le carnaval, février 2016

Je n’ai pas reconnu grand-chose de la ville 34 ans plus tard. Peut-être pour avoir vécu cette fois à deux pas du centre plutôt que dans la zone sud, elle m’a paru beaucoup plus métissée aujourd’hui – et donc, enfin, j’ai trouvé belles les femmes de Rio…
Mais ce n’est pas tant la ville qui a changé, c’est moi, bien sûr. Cette fois, je n’ai pas craint de jouer les touristes, jusqu’au défilé des champions du concours des écoles de samba, jusqu’au coucher de soleil faisant flamber la Zone sud, depuis le Pão de Açúcar.

Quand le soleil fait flamber Botafogo, Copacabana et Ipanema... Février 2016

Au pied des gratte-ciel du centre (imaginez la rue Saint-André-des-Arts avec des buildings de 35 étages…), j’ai aussi (re?)découvert que quelques rues commerçantes préservaient encore, à défaut de caractère, un parfum des années 30 ou 50.
J’ai cette fois écumé les musées et les expositions. Notamment, le tout nouveau Museu do Amanhã (**), fabuleux et insupportable : fabuleux, pour son architecture et pour la mise en perspective du destin de l’homme dans le cosmos ; insupportable, pour sa prétention à nous dicter que penser.

La nef du Museu do Amanhã, prête à s'élancer sous le pont de Niterói, mail 2016

Et aussi, une assez stupéfiante exposition de l’Australienne Patricia Piccinini, travaillant sur les frontières du mécanique et du biologique, sur les organismes mutants, sur les relations d’affection et de répulsion vis-à-vis de l’autre et, au service de ces interrogations, une maîtrise incroyable de la matière, dont on se demande toujours si elle est naturelle ou fabriquée…

Patricia Piccinini : "Tant attendu", mutant, vrai ou faux enfant ? Mai 2016

Mais bien sûr, Rio, d’abord, avant tout, envers, contre tout, c’est la samba. Ma dernière soirée – la plus belle de toutes avec, notamment, la découverte d'Anselmo Rocha... – ne pouvait être consacrée qu’à une institution de la samba et de la bossa cariocas, rendez-vous des musiciens et chanteurs, le Bip-bip de Copacabana…
Não deixe o samba morrer
Não deixe o samba acabar
O morro foi feito de samba
De Samba, pra gente sambar (***)

(*) Gafieira : salle populaire de samba de salon
(**) Museu do Amanhã : « Musée de demain »
(***) Ne laisse pas la samba mourir
Ne laisse pas la samba s'arrêter
La favela est fait' de samba
La samba, pour qu'on puisse y danser

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