Santé publique, 20/08/16

Les deux premières choses à m’avoir frappé au Mexique sont la taille et le poids de ses habitants. Les Mexicains sont de petite taille, en particulier dans le sud du pays ; en l’absence de touristes et de basketteurs, je suis toujours le plus grand...

Les chiffres confirment : les Mexicains seraient en moyenne les hommes (1 m 67) et les femmes (1 m 54) de loin les plus petits des pays de l'OCDE, et parmi les plus petits du monde, « dépassés » en cela par les Guatémaltèques (femmes : 1 m 47 en moyenne).

Tailles comparées dans les pays de l’OCDE*

Parenthèse : Mimie Mathy, Roman Polanski et Michael Jordan ne peuvent voir pas les choses de la même façon. Je cite Polanski de mémoire : « Je fais les films de quelqu’un qui voit le monde de 1 m 65 ». C’est aussi la taille de Sarkozy, et tout Sarkozy tient dans ces 1 m 65 : ce que Polanski assume comme le socle de sa personnalité fonde chez lui un démentiel besoin de reconnaissance égotiste...

Cette localisation (Sud Mexique et Guatemala) semble témoigner d’une cause génétique : les ancêtres de ces régions, à commencer par les Mayas, devaient être particulièrement petits**. Dont acte : selon les peuples, on est grand ou petit...
Malheureusement, ce n’est pas la seule explication. Carmen Guillermo, médecin, explique que comme partout la malnutrition en est une cause tout aussi importante : dans les classes élevées, la taille des jeunes générations va croissant, pas dans les classes populaires, ni chez les Amérindiens vivant en vase clos dans les sierras.

Comme on peut s’en douter, la malbouffe est aussi la première cause de surpoids et de l’obésité, véritable fléau national : on est effrayé à peine a-t-on posé un pied au Mexique – en l’occurrence au Yucatán. Et les chiffres sont là encore sans équivoque : sans attendre les records de la péninsule arabique et des îles du Pacifique, le taux de surcharge pondérale (64,4 %) est analogue à celui rencontré aux USA et au Canada, et le dépasse pour les femmes.

Taux de surcharge pondérale en Amérique latine***

Carmen Guillermo ajoute à la mauvaise alimentation une seconde arme fatale de l’obésité : le manque d’exercice, et finalement déplore : « Mes patients me disent n’avoir pas les moyens de bien manger : ils ont tort, une alimentation équilibrée coûte moins cher qu’une alimentation trop riche en graisses et en sucres. » Le fléau, avec les risques de maladies graves qu’il génère, est bien social, mais pas directement faute de moyens financiers : à cause des carences éducatives des milieux défavorisés.

Ces résultats sont surprenants. Si la petite taille de la population est pour partie un indicateur de sous-développement, le surpoids et l’obésité résonnent hélas aujourd'hui comme un indicateur… de développement. Or, dans les 2 cas, le Mexique décroche la timbale ! Faut-il y voir le signe de l’émergence économique mexicaine, de la désintégration sociale qui l’accompagne et de la fascination pour l’american way of life ? Quoi qu’il en soit, dans les 2 cas, ce sont les classes les moins favorisées qui sont affectées.
Avant même l’équité des revenus, la première mission d’une société juste n’est-elle pas l’égalité devant l’éducation, première condition dune santé publique équitable ?

*Population de 18 à 49 ans. Source : Panorama de la société 2009: Les indicateurs sociaux de l'OCDE
** Selon le Musée d’anthropologie de México, les habitants de Paquimé, plus grande ville précolombienne du Nord du Mexique, mesuraient en moyenne 1 m 50.
*** Indice de Masse Corporelle > 25 en 2014, population de plus de 18 ans, Source : OMS

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